Gabon: les grandes manoeuvres pour la succession ont commencé

Publié le par vitalp

LIBREVILLE (AFP) - jeudi 18 juin 2009 - 15h28 - "Ça a commencé à dépoter et c'est logique", affirme un proche conseiller d'Omar Bongo. Dix jours après la mort du président gabonais, les grandes manoeuvres pour la succession ont commencé.

Selon la Constitution, un scrutin présidentiel doit être organisé dans les 45 jours après la prestation de serment d'un président intérimaire, survenue le 10 juin.

Un délai difficile à respecter "car les listes électorales ont été manipulées et doivent être nettoyées", souligne un conseiller de la présidence, qui table sur un scrutin au dernier trimestre 2009.

Après 41 ans au pouvoir, le chef de l'Etat n'avait pas désigné de successeur, ce qui attise les convoitises dans un pays fonctionnant par réseaux politiques, économiques, maçonniques, ethniques ou occultes.

Aucun candidat ne s'est encore officiellement déclaré.

Une quasi-certitude toutefois: le ministre de la Défense Ali Ben Bongo veut s'installer dans le fauteuil de son père. Il connaît les rouages de la présidence, contrôle l'armée ainsi que certains réseaux paternels et demeure un poids lourd du Parti démocratique gabonais (PDG) qui, du vivant d'Omar Bongo, régnait en maître sur les élections.

"Nous, tes enfants, ta famille prenons l'engagement solennel de garder allumée avec l'aide de nos concitoyens la flamme sacrée de l'harmonie familiale, de la concorde républicaine et de l'unité nationale", a lancé mardi Ali Ben Bongo dans son oraison funèbre.

Signe de son emprise sur une partie du clan: depuis la mort de son père, c'est systématiquement Ali qui s'exprime au nom de la famille.

Des membres du régime n'hésitent pas à affirmer qu'en coulisses, Ali Bongo est prêt à passer en force avant même l'organisation d'un scrutin.

Toutefois, le mot d'ordre "TSA" (Tout sauf Ali) circule à la fois dans l'opposition, une bonne partie du PDG et jusque dans la famille Bongo.

Selon un observateur, sa soeur Pascaline, directrice du cabinet d'Omar Bongo et gestionnaire de sa fortune, miserait sur son mari Paul Toungui, chef de la diplomatie, ou sur son ex-compagnon Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine.

"La population s'était habituée à l'idée qu'il n'y aurait pas de changement jusqu'à la mort du président. Mais maintenant elle veut un changement", analyse un ancien journaliste. "Cela clairement ne peut être Ali".

D'ailleurs, d'après une source proche de la présidence, "le fait que Bongo n'a pas officiellement désigné Ali est souvent interprété comme une indication qu'il ne voulait pas que ce soit Ali".

Du coup, les candidats potentiels sont légion.

"J'ai vu avec quelle force le vent des intrigues souffle dans les couloirs du pouvoir", a souligné le Premier ministre Jean Eyeghé Ndong lors de son oraison funèbre qui lui a aussi permis de se mettre en orbite.

Parmi les noms qui circulent, figurent ceux des opposants plus ou moins ralliés au régime (Pierre Mamboundou, Paul Mba Abessole, Zacharie Myboto), une flopée de ministres (Flavien Nzoundou, Casimir Oyé Mba, Idriss Ngari) ou des barons du régime tels l'ex-ministre Paul Biyoghé Mba et le secrétaire général du PDG Faustin Boukoubi. Bruno Ben Moubamba, soutenu par la société civile, serait aussi en lice.

Les observateurs craignent aussi une "ethnisation", d'autant que le scrutin à un tour ne favorise pas les regroupements.

"Avec l'ethnisation, qui était en sourdine sous Bongo, on sort du cadre politique. Là, il y a danger", prévient un ministre.

Les Fangs (30 à 40% de la population) seraient tentés de jouer la carte ethnique. Les autres communautés sont décidées à les contrer. Omar Bongo était issu d'une ethnie minoritaire, les Tékés

Le président Nicolas Sarkozy a assuré que Paris ne se mêlerait pas de la succession - comme on lui en prête volontiers l'intention.

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